Dysplasie de la hanche chez le chien
Par Guillaume Ragetly, vétérinaire au CHV Frégis
Spécialiste en chirurgie, Diplomé de l'ECVS et de l'ACVS
Qu’est-ce que la hanche du chien ?
La hanche est l’articulation qui connecte le membre postérieur et le bassin. Chez le chien, elle est formée par une excavation du bassin (cotyle), d’une part, et par la tête du fémur (partie haute de l’os de la cuisse), d’autre part. C’est une articulation qui nécessite une stabilité parfaite et une bonne musculature pour rester saine, à vie.
Qu’est-ce que la dysplasie de la hanche ?
Il s’agit d’une maladie squelettique du chien. Elle consiste en une malformation progressive de la hanche pouvant se révéler tout au long de la vie d’un chien (le chien ne naît pas avec sa dysplasie). Le point de départ est une laxité excessive à l’origine d’un jeu anormal de l’articulation (subluxation) qui modifie les contraintes passant par la hanche entraînant son inflammation et des lésions progressives des cartilages, des ligaments et des os qui la constituent. Inéluctablement, de l’arthrose secondaire se développe. Ces malformations, et cette arthrose ne sont pas obligatoirement à l’origine de signes cliniques. Autrement dit, il n’y a pas de relation étroite entre les lésions articulaires et les signes cliniques de la dysplasie de hanche chez le chien. Le « fatalisme » n’est donc pas de rigueur si un chien est déclaré atteint de dysplasie de hanche.
Quelle est la cause de la dysplasie de la hanche chez le chien ?
La dysplasie de hanche du chien est une maladie héréditaire liée à un nombre important de gènes. Cependant, tous les animaux porteurs n’expriment pas la maladie. Il y a donc une difficulté certaine à l’éradiquer par la sélection génétique. Des facteurs extérieurs sont également impliqués dans l’apparition de la dysplasie de la hanche chez le chien comme une croissance trop rapide, une activité physique intense ou une alimentation inutilement riche en énergie.
Quelles sont les races de chien à risque pour la dysplasie de la hanche ?
Les chiens de toutes races peuvent être atteints mais certaines races et certaines lignées sont plus touchées que d’autres. Cette maladie est plus fréquente dans des races de grand format : Berger allemand, Labrador, Golden retriever, Retriever de la baie de Chesapeake, Rottweiler, mâtin de Naples, dogue de Bordeaux, etc. Elle existe aussi chez des races de plus petit standard : bullgod anglais, caniche, cocker, épagneul breton, springer.
Comment puis-je suspecter que mon chien est dysplasique de la hanche ?
Il n’existe pas de signes spécifiques. Ce sont les chiens en croissance (3 à 18 mois) et les chiens adultes d’âge moyen ou avancé qui expriment le plus de signes de la maladie. Des fesses peu musclées et une proéminence des os des hanches sont parfois observables. Chez le chiot, une démarche ondulante et chaloupée et / ou un déplacement des deux membres postérieurs en même temps (comme un lapin) à la course sont assez « classiques ». Une panoplie d’autres signes peut apparaître, à tout âge, allant de la raideur au lever jusqu’à la boiterie sans appui en passant par une activité physique réduite, une tendance à se coucher souvent, une boiterie intermittente, des difficultés dans les escaliers. Il faut se garder de faire des raccourcis du genre : un chien à risque qui boite du train arrière est automatiquement atteint de dysplasie de hanche…
Comment se diagnostique la dysplasie de la hanche chez le chien ?
La précocité du diagnostic est primordiale chez les chiots suspects, ou à risque, car il existe des interventions qui ne sont plus possibles passé un certain âge. Il n’y a pas de notion d’urgence diagnostique chez les chiens adultes.
Le diagnostic ne peut effectivement être confirmé que par un vétérinaire. Il s’appuie sur un faisceau d’éléments comprenant le type de chien, son alimentation et son mode de vie, les signes rapportés par son maître, l’étude de sa démarche et de ses postures, l’examen orthopédique (vigile et sous anesthésie) et l’examen radiographique. Certains éléments de cette évaluation comme des radiographies en contraintes des hanches ou des arthroscopies des hanches sont exclusivement pratiqués par des vétérinaires spécialistes en chirurgie des carnivores domestiques.
Comment se soigne la dysplasie de la hanche chez le chien ?
Etre dysplasique implique un suivi vétérinaire régulier. Les traitements sont adaptés au cas par cas. Un certain nombre d’animaux bénéficie de mesures hygiéniques (alimentation et activité adaptées), d’autres ont vraiment besoin de cures antalgiques plus ou moins longues (toujours sur avis et prescription vétérinaire). Lorsque ces cures sont nécessaires, une chirurgie doit être envisagée. Une consultation avec un spécialiste en chirurgie est recommandée pour discuter des avantages et inconvénients d’une telle décision. La chirurgie est nécessaire et bénéfique dans certains cas. Une intervention particulière, la symphysiodèse pubienne, n’est utile que jusqu’à l’âge de 18-20 semaines, mais elle est peu risquée donc réalisée à titre préventif. Une autre chirurgie, la double ostéotomie de bassin (alternative récente à la triple ostéotomie du bassin), est le plus souvent réservée à des chiens de 5 à 10 mois. D’où l’importance du diagnostic précoce. D’autres interventions (la prothèse de hanche et l’exérèse de tête de fémur) sont réservées aux cas qui ont une hanche douloureuse et qui ne s’améliorent pas avec un traitement classique : la prothèse de hanche peut être adaptée même pour les chiens jeunes. L’exérèse de la tête et du col du fémur est rarement une bonne alternative lors de dysplasie de hanche.
Quel est le pronostic de la dysplasie de la hanche chez le chien ?
Etre dysplasique n’est pas une « catastrophe » ou une « fatalité ». Il faut se garder de faire des raccourcis du genre : un chien dysplasique est promis à une vie misérable ou à une incapacité à se déplacer…
Si la dysplasie de hanche est bien suivie et que les bonnes décisions sont prises au fur et à mesure de l’évolution, un chien dysplasique peut vivre une vie entière, de BONNE qualité. Une dysplasie convenablement prise en charge n’est pas susceptible de devenir une cause d’euthanasie. Elle n’est d’ailleurs pas à incriminer dans beaucoup de boiteries de membre postérieur chez le chien, qui peuvent plutôt être expliquée par des ruptures de ligament croisé du genou.
La prothèse de hanche reste toujours une option thérapeutique pouvant permettre une récupération totale de la fonction articulaire.
Le déroulement de la consultation pour dysplasie de hanche
Le principe consiste à faire au minimum un examen orthopédique et des radiographies de hanche. A l’issue de cela, des radiographies spécifiques et une arthroscopie de hanche sont parfois proposées et réalisées sous anesthésie.
Lorsqu’une chirurgie est nécessaire, elle est souvent re-programmée à une date proche de la consultation diagnostique. Les chirurgies que nous pratiquons le plus, dans des cas bien ciblés, sont la double ostéotomie de bassin et la prothèse de hanche.
Les animaux sont ensuite réveillés sous surveillance continue. Ils peuvent rentrer à la maison dans les 24 heures suivant l’intervention.
Les recommandations et soins post-opératoires
Les recommandations et les soins post-opératoires, s’il y a lieu, vous seront expliqués par un vétérinaire au moment de la sortie de votre animal. Un compte rendu détaillé vous sera remis à cette occasion. En cas de problème ou de questions vous pourrez joindre en permanence une infirmière et un vétérinaire par téléphone. Notre hôpital est ouvert sans interruption, 24h/24, 7j/7.
Le pronostic
Le pronostic est difficile à établir. Mais si la dysplasie de hanche est bien suivie et que les bonnes décisions sont prises au fur et à mesure de l’évolution, un chien dysplasique peut vivre une vie entière, avec une BONNE qualité de vie.
Dans notre expérience, 90% des triples ostéotomies de bassin (TOB) pratiquées au bon âge et sur un bon candidat, conduisent à un bon résultat (boiterie rare). Il en est de même pour la prothèse de hanche.
- SDunié-Mérigot A, Bouvy B (2008). La dysplasie coxofémorale juvenile chez le chien. Pratique Vet. 43:516-519.
- Valin I, Fau D, Gatineau M, Bouvy B (2007). La dysplasie coxofémorale. Pathogénie et diagnostic. Point Vétérinaire 281, 1-5.